"C'est une fille, ma Dame."

Et voici l'aube, pour écarter les cils blonds d'un regard encore embrumé par la fatigue. Péniblement réveillée, la comtesse de Velladolid considérait l'espace de l'hopital où elle s'était retirée avec une anxiété toute perceptible. Des médecins, une sage-femme étaient présents à son chevet. Une infirmière vint lui éponger son front en sueur.

"C'est une fille, ma Dame."

Lucrèscia entendit crier, pleurer, un nourrisson, sa fille qu'elle venait de mettre au monde. Et soudainement des larmes vinrent frôler ses paupières et caresser ses joues pâles. On l'aida à se redresser dans son lit et comme un éclat acordé par la Lumière, le rayon d'une nouvelle vie fut déposé entre ses bras.
Aucun mot ne fut soufflé de sa gorge nouée par l'émotion. Elle reniflait doucement, contemplant sa petite merveille qu'elle avait tant attendue, et ce pourquoi elle s'était battue si longtemps.

Elle murmura finalement :" Solange... Mon enfant, vous vous êtes faite attendre."


Ces longs mois passés à prier, reculée du monde à Dalaran, en attendant cet heureux évènements furent pour la jeune femme une période de paix et de tranquillité. Les douleurs de la guerre, les violences des conflits, tout cela était de trop pour elle. La foi fut une fois de plus sa source de réconfort. Néanmoins soucieuse des évènements extérieurs, elle psalmodiait dans une chambre, la nuit, pour la vie des êtres qui lui étaient chers.

Un temps après la naissance de Solange, Lucrèscia jugea bon de retourner à Hurlevent, emportant sa petite très précieusement pour la déposer dans sa cellule de la cathédrale. Ce soirs là, Lucrèscia fut surprise de trouver Valek agenouillé sous les vitraux de la cathédrale. Cela faisait si longtemps... et si son coeur pulsait frénétiquement dans sa poitrine, la comtesse ne voulu rien dévoiler de son enthousiasme. Il y avait une part d'orgueil, de rancune, mais elle souhaitait avant tout observer sa réaction qui demeura au bout du compte presque aussi passive que la sienne. Durant cette longue séparation, elle ne s'était pas demandé quels sentiments il pouvait lui rester pour cet homme. En le voyant admirer leur fille, il lui sembla évident que, quoi qu'il puisse arriver, elle aimerai Valek, comme il se doit d'être aimé pour lui avoir offert cette perle merveilleuse, comme le père de son enfant, avec franchise et simplicité.

La nuit passa et le lendemain, la jeune prêtresse récupéra ses affaires pour regagner sa demeure de la Marche de l'Ouest, où elle entend élever son bébé dans une paix, l'espère t-elle, semblable à celle qu'elle avait eu droit jusqu'à présent.