Une rue déserte et sombre, une gamine vêtue de guenilles sales et malodorantes, la peur au ventre, la haine au ventre, la tristesse dans le cœur et la faim dans l'estomac. Voilà les seules pensées qui la traversaient depuis quelques jours qu'elle trainait là en rue comptant sur le bon cœur inexistant des citoyens de la cité d'Argent pour lui donner à manger. En vain... La fatigue la prenait, la lueur d'espoir qui brillait encore d'un fin halo dans son cœur commençait à s'estomper pour ne laisser qu'une odeur amer de bougie éteinte. Ses paupières fatiguées se fermaient et la gamine luttait pour ne pas s'endormir éternellement, si pitoyablement, si salement, sur les trottoirs de la Cité... A chaque frottement de chaussures bien cirées ou chaque cliquettement d'armure se rapprochant de la pauvrette, la petite flamme de son cœur faisait une minuscule étincelle d'espoir, elle peina à tendre les mains paumes vers le haut, implorant une fois de plus la pitié d'un riche noble ou d'un marchant fortuné. Mais les jours passaient plus lentement les uns après les autres, sa vision troublée par la faim et la fatigue, ses guenilles toujours plus sales à trainer chaque jour sur les sols crasseux de la ville, la petite lueur allait s'éteindre, et bientôt elle ne serait plus qu'une bougie sans sa flamme...
Mais un jour où le soleil s'abattait de toutes ses forces sur la gamine qui mendiait là, quelqu'un vint tendre la main, quelqu'un vint rallumer la flamme de sa bougie. Ce visage mâle, sérieux mais attendri qui se posa sur elle ne la laissa pas indifférente, elle reconnu là le bienfaiteur de Miyara, la petite esclave de Thor qu'elle avait un jour vu sourire aux côtés de ce noble. Ooh ça... Elle l'enviait depuis toujours d'avoir enfin trouvé le bonheur... Mais c'était aujourd'hui à son tour d'y gouter. Ainsi elle prit la main qui lui avait été si généreusement tendue et elle marcha dans l'ombre de son nouveau Maître.
Maître...Servante... Elle secouait violemment la tête voulant chasser ces idées néfastes de son esprit.
" J...je ne suis q..qu'une s..servante p..pour vous..., m..mais d..des servantes v..vous en aurez p...plein d'autres... "
" Saelah ! " criait-il " Revient ici !"
" V..vous en trouverez d..des biens m..mieux que moi ! " cria-t-elle les larmes aux yeux.
Elle était fendue par les paroles de Célérion. " Ce n'est qu'une servante " avait-il déclaré. Mais elle... elle au plus profond de son cœur espérait avoir une place plus importante aux yeux de son maître, aux yeux de la famille qu'elle servait, aux yeux de la Capitaine qu'elle avait choisie pour sœur de cœur. Elle pensait être plus que cela maintenant, plus qu'une domestique sur laquelle on ne pose aucun regard, pour laquelle on a aucune compassion, de qui la mort ne nous affecterait pas le moins du monde puisqu'on la remplace comme on change une chemise chaque matin...
" J..je voulais j..juste u..une famille...j..je voulais d..de l'attention...j..je voulais q...qu'on s'occupe d..de moi e..et pas l'inverse... " sanglotta-t-elle pour expliquer ce qui la chagrinait à son Maître.
Mais Célérion n'était pas dupe et rappela à l'insolente jeune fille que c'était elle-même qui s'était mise au service des Pourpresang sans qu'on ne l'y oblige, et que rien ne la retenait et qu'il serait dommage qu'elle parte mais que personne ne pourrait la retenir.
" J..je voulais j..juste u..un peu d..d'amour..." déclara-t-elle pour s'excuser, s'attendant à être remerciée et conduite à la sortie. Mais les mots qui ce jour là furent prononcés eurent une tournure tout à fait différente.
Son maître se rapprocha d'elle, posa son regard bienveillant sur la petite et lui expliqua :
" Je suis désolé Saelah, de ne pas t'avoir accordé l'attention que tu voulais, mais j'ai été très occupé ces derniers temps"
Ces seuls mots suffirent à la petite pour savoir qu'ici était sa place, pour aujourd'hui et pour tout les jours à venir. Elle se fit la promesse d'être toujours aux côtés de Célérion pour le protéger et prendre soin de lui, en gage d'un peu d'attention.
C'est ainsi qu'elle se retrouva cachée dans les broussailles près de la forteresse de Mortholme, observant les moindres faits et gestes de ces " méchants " comme elle les désignait. Elle avait l'impression que sa petite taille la rendait intouchable, imperceptible, invincible. Elle avait l'impression aussi que sa naïveté la rendrait trop attendrissante pour qu'on la tue de sang froid. La flamme de son cœur brillait comme elle n'avait jamais brillé auparavant, elle sentait en elle peser tout l'amour de son Maître et de sa grande sœur de cœur, elle n'avait plus peur dans l'obscurité, elle n'avait plus froid dans la nuit, parce qu'elle avait l'amour. L'amour qu'elle avait cherché en vain tant d'années auprès d'un maître sadique et dénué de cœur, elle l'avait enfin dans la poitrine, elle l'avait enfin dans les mains, dans la tête, dans tout son corps elle pouvait le percevoir, elle pouvait enfin penser que sa mort ne laisserai plus tout le monde indifférent, qu'enfin elle existait au travers du regard de quelqu'un, qu'enfin son existence avait un sens autre que celui de servir sans volonté et de subir sans courage. Son coeur devenu un monceau ardent de flamme d'espoir rayonnait dans sa poitrine et c'est avec cette lueur dans le corps qu'elle fonça a travers les ténèbres de l'obscurité, défiant de sang froid deux membres du Fléau. Le premier,attendri par sa fausse naïveté enfantine et craintif de ses pouvoirs occultes, se laissa berner par la gamine et entraina aux geôles un de ses collègues, prit en embuscade grâce à la ruse et à la force de Dame Kaushalya. Ainsi se retrouva en prison Eizzar, grâce à la collaboration involontaire de son ami Vallien.
Plus tard, le non-mort attendri tenta de mettre fin à sa faiblesse qu'était devenue Saelah, la petite Sin'dorei qui venait sans arrêt se présenter devant Mortholme pour lui parler. Elle avait réussi à lui laisser croire qu'elle rejoindrait le Fléau une fois la bataille des terres fantômes débutée, ceci dans le but que Vallien soit plus bavard avec elle, ce qui porta souvent ses fruits et rapporta aux Pourpresangs un tas d'informations bien utiles. Elle prenait de l'assurance la petite, et elle savait que si un jour Vallien cherchait à la supprimer, elle ferait s'écraser sur le non-mort le poids de ses pouvoirs occultes et démoniaques. C'est ce qu'il tenta ce jour là, et il se fit massacrer par la gamine qui cachait plutôt bien son jeu derrière sa timidité permanente.
Ainsi elle servit son peuple, et elle contribua à la guerre contre les méchants. Ainsi, peu à peu elle gagna l'amour des Pourpresang.
" Saelah, voudrais-tu devenir ma fille ? " Ses yeux verts bienveillants regardaient Saelah, Nicia était là elle aussi, un sourire attendri posé sur la gamine qui semblait avoir vu un fantôme tellement ses yeux étaient submergés de stupéfaction.
" C...ca veut d..dire q..que j..je vais a...avoir enfin u...un...p..pa... un..une famille ? " Le mot " papa" n'était décidemment pas fait pour sortir de sa bouche, elle avait beau essayer c'était impossible. Elle fini donc avec le temps par trouver une alternative...
" A..ann'da*...t..tu me r..racontes u..une histoire ? " ( *papa ).
Ce jour là elle se tenait dans les bras de son père, assise devant une cheminée dans une auberge humaine d'Hautebrande. Elle venait surement de vivre la journée la plus éprouvante qu'elle aurait pu faire... Et elle avait sans doute aussi fait vivre à sa famille adoptive et à sa soeur de coeur leur journée la plus éprouvante à eux aussi...
" J..je voulais v..voir l..là o..où j'ai p..pas le droit d..d'aller " déclara-t-elle pour justifier sa présence près de la frontière avec la forêt des pins argentés. Mais ce n'était pas la première fois que cette phrase sortit de sa bouche, elle l'avait déjà employée mot pour mot quand elle dut rendre des compte à sa Tante Kaushalya pour sa présence dans les égouts de Dalaran.
" Saelah, ne me fait plus jamais ça je t'en prie ! La prochaine fois que tu veux aller dans un endroit où tu n'es pas sensé être, préviens moi, j'irai avec toi, c'est aussi ça être ta grande sœur."
Saelah observait depuis le flanc d'une colline la garde mise en place par les réprouvés à la frontière des pins argentés. Elle était complètement subjuguée et dégoutée par la puanteur et l’atrocité des créatures qui se trouvaient là pour faire la garde. Mais son dégout ne tarda pas à se troquer contre une peur bleue.
" Je n'ai pas mangé depuis très longtemps, petite fille. " déclara une voix froide, sombre et sadique dans son dos, tandis qu'un regard bleu glacé et un visage blanc comme neige se posa sur elle.
" Sais-tu de quoi je me nourris ? "
Mais la petite n’eut pas même le temps d'assimiler la réponse à cette question qu'elle fut percée par deux canines acérées dans la jugulaire, et vidée d'une bonne partie de son sang.
" Mmh... Cela faisait longtemps que je n'avais plus gouté à du sang de démoniste. " déclara la femme cauchemardesque avant de s’effacer au loin, pendant que sa victime se vidait de son sang gisant sur le sol. Ce qu'elle ignorait, cette "méchante" c'est que Saelah avait plus d'un tour dans sa poche.
" G..Grande s..soeur...aide-moi..." lui envoya t'elle par un procédé bien connu des démonistes pour communiquer par la pensée à longue distance aux moyens de fragment d'âmes.
" A..aidez... moi ... " envoya t'elle avec le reste de ses forces à Manatheren dont elle sentait la présence non loin de là, par chance.
Et ainsi, l'ange qui n'en était plus un, en redevint un après avoir sauvé la vie d'une petite idiote.
Mais un jour où le soleil s'abattait de toutes ses forces sur la gamine qui mendiait là, quelqu'un vint tendre la main, quelqu'un vint rallumer la flamme de sa bougie. Ce visage mâle, sérieux mais attendri qui se posa sur elle ne la laissa pas indifférente, elle reconnu là le bienfaiteur de Miyara, la petite esclave de Thor qu'elle avait un jour vu sourire aux côtés de ce noble. Ooh ça... Elle l'enviait depuis toujours d'avoir enfin trouvé le bonheur... Mais c'était aujourd'hui à son tour d'y gouter. Ainsi elle prit la main qui lui avait été si généreusement tendue et elle marcha dans l'ombre de son nouveau Maître.
Maître...Servante... Elle secouait violemment la tête voulant chasser ces idées néfastes de son esprit.
" J...je ne suis q..qu'une s..servante p..pour vous..., m..mais d..des servantes v..vous en aurez p...plein d'autres... "
" Saelah ! " criait-il " Revient ici !"
" V..vous en trouverez d..des biens m..mieux que moi ! " cria-t-elle les larmes aux yeux.
Elle était fendue par les paroles de Célérion. " Ce n'est qu'une servante " avait-il déclaré. Mais elle... elle au plus profond de son cœur espérait avoir une place plus importante aux yeux de son maître, aux yeux de la famille qu'elle servait, aux yeux de la Capitaine qu'elle avait choisie pour sœur de cœur. Elle pensait être plus que cela maintenant, plus qu'une domestique sur laquelle on ne pose aucun regard, pour laquelle on a aucune compassion, de qui la mort ne nous affecterait pas le moins du monde puisqu'on la remplace comme on change une chemise chaque matin...
" J..je voulais j..juste u..une famille...j..je voulais d..de l'attention...j..je voulais q...qu'on s'occupe d..de moi e..et pas l'inverse... " sanglotta-t-elle pour expliquer ce qui la chagrinait à son Maître.
Mais Célérion n'était pas dupe et rappela à l'insolente jeune fille que c'était elle-même qui s'était mise au service des Pourpresang sans qu'on ne l'y oblige, et que rien ne la retenait et qu'il serait dommage qu'elle parte mais que personne ne pourrait la retenir.
" J..je voulais j..juste u..un peu d..d'amour..." déclara-t-elle pour s'excuser, s'attendant à être remerciée et conduite à la sortie. Mais les mots qui ce jour là furent prononcés eurent une tournure tout à fait différente.
Son maître se rapprocha d'elle, posa son regard bienveillant sur la petite et lui expliqua :
" Je suis désolé Saelah, de ne pas t'avoir accordé l'attention que tu voulais, mais j'ai été très occupé ces derniers temps"
Ces seuls mots suffirent à la petite pour savoir qu'ici était sa place, pour aujourd'hui et pour tout les jours à venir. Elle se fit la promesse d'être toujours aux côtés de Célérion pour le protéger et prendre soin de lui, en gage d'un peu d'attention.
C'est ainsi qu'elle se retrouva cachée dans les broussailles près de la forteresse de Mortholme, observant les moindres faits et gestes de ces " méchants " comme elle les désignait. Elle avait l'impression que sa petite taille la rendait intouchable, imperceptible, invincible. Elle avait l'impression aussi que sa naïveté la rendrait trop attendrissante pour qu'on la tue de sang froid. La flamme de son cœur brillait comme elle n'avait jamais brillé auparavant, elle sentait en elle peser tout l'amour de son Maître et de sa grande sœur de cœur, elle n'avait plus peur dans l'obscurité, elle n'avait plus froid dans la nuit, parce qu'elle avait l'amour. L'amour qu'elle avait cherché en vain tant d'années auprès d'un maître sadique et dénué de cœur, elle l'avait enfin dans la poitrine, elle l'avait enfin dans les mains, dans la tête, dans tout son corps elle pouvait le percevoir, elle pouvait enfin penser que sa mort ne laisserai plus tout le monde indifférent, qu'enfin elle existait au travers du regard de quelqu'un, qu'enfin son existence avait un sens autre que celui de servir sans volonté et de subir sans courage. Son coeur devenu un monceau ardent de flamme d'espoir rayonnait dans sa poitrine et c'est avec cette lueur dans le corps qu'elle fonça a travers les ténèbres de l'obscurité, défiant de sang froid deux membres du Fléau. Le premier,attendri par sa fausse naïveté enfantine et craintif de ses pouvoirs occultes, se laissa berner par la gamine et entraina aux geôles un de ses collègues, prit en embuscade grâce à la ruse et à la force de Dame Kaushalya. Ainsi se retrouva en prison Eizzar, grâce à la collaboration involontaire de son ami Vallien.
Plus tard, le non-mort attendri tenta de mettre fin à sa faiblesse qu'était devenue Saelah, la petite Sin'dorei qui venait sans arrêt se présenter devant Mortholme pour lui parler. Elle avait réussi à lui laisser croire qu'elle rejoindrait le Fléau une fois la bataille des terres fantômes débutée, ceci dans le but que Vallien soit plus bavard avec elle, ce qui porta souvent ses fruits et rapporta aux Pourpresangs un tas d'informations bien utiles. Elle prenait de l'assurance la petite, et elle savait que si un jour Vallien cherchait à la supprimer, elle ferait s'écraser sur le non-mort le poids de ses pouvoirs occultes et démoniaques. C'est ce qu'il tenta ce jour là, et il se fit massacrer par la gamine qui cachait plutôt bien son jeu derrière sa timidité permanente.
Ainsi elle servit son peuple, et elle contribua à la guerre contre les méchants. Ainsi, peu à peu elle gagna l'amour des Pourpresang.
" Saelah, voudrais-tu devenir ma fille ? " Ses yeux verts bienveillants regardaient Saelah, Nicia était là elle aussi, un sourire attendri posé sur la gamine qui semblait avoir vu un fantôme tellement ses yeux étaient submergés de stupéfaction.
" C...ca veut d..dire q..que j..je vais a...avoir enfin u...un...p..pa... un..une famille ? " Le mot " papa" n'était décidemment pas fait pour sortir de sa bouche, elle avait beau essayer c'était impossible. Elle fini donc avec le temps par trouver une alternative...
" A..ann'da*...t..tu me r..racontes u..une histoire ? " ( *papa ).
Ce jour là elle se tenait dans les bras de son père, assise devant une cheminée dans une auberge humaine d'Hautebrande. Elle venait surement de vivre la journée la plus éprouvante qu'elle aurait pu faire... Et elle avait sans doute aussi fait vivre à sa famille adoptive et à sa soeur de coeur leur journée la plus éprouvante à eux aussi...
" J..je voulais v..voir l..là o..où j'ai p..pas le droit d..d'aller " déclara-t-elle pour justifier sa présence près de la frontière avec la forêt des pins argentés. Mais ce n'était pas la première fois que cette phrase sortit de sa bouche, elle l'avait déjà employée mot pour mot quand elle dut rendre des compte à sa Tante Kaushalya pour sa présence dans les égouts de Dalaran.
" Saelah, ne me fait plus jamais ça je t'en prie ! La prochaine fois que tu veux aller dans un endroit où tu n'es pas sensé être, préviens moi, j'irai avec toi, c'est aussi ça être ta grande sœur."
Saelah observait depuis le flanc d'une colline la garde mise en place par les réprouvés à la frontière des pins argentés. Elle était complètement subjuguée et dégoutée par la puanteur et l’atrocité des créatures qui se trouvaient là pour faire la garde. Mais son dégout ne tarda pas à se troquer contre une peur bleue.
" Je n'ai pas mangé depuis très longtemps, petite fille. " déclara une voix froide, sombre et sadique dans son dos, tandis qu'un regard bleu glacé et un visage blanc comme neige se posa sur elle.
" Sais-tu de quoi je me nourris ? "
Mais la petite n’eut pas même le temps d'assimiler la réponse à cette question qu'elle fut percée par deux canines acérées dans la jugulaire, et vidée d'une bonne partie de son sang.
" Mmh... Cela faisait longtemps que je n'avais plus gouté à du sang de démoniste. " déclara la femme cauchemardesque avant de s’effacer au loin, pendant que sa victime se vidait de son sang gisant sur le sol. Ce qu'elle ignorait, cette "méchante" c'est que Saelah avait plus d'un tour dans sa poche.
" G..Grande s..soeur...aide-moi..." lui envoya t'elle par un procédé bien connu des démonistes pour communiquer par la pensée à longue distance aux moyens de fragment d'âmes.
" A..aidez... moi ... " envoya t'elle avec le reste de ses forces à Manatheren dont elle sentait la présence non loin de là, par chance.
Et ainsi, l'ange qui n'en était plus un, en redevint un après avoir sauvé la vie d'une petite idiote.