Natalia l'Oracle attirait du monde avec cette histoire. Le corps et l'allure cachés sous une apparence de Gnome aux blanches couettes, elle contait l'histoire de trois vaillants héros et d'un sorcier. Un conte qu'on aurait pu croire destinés aux enfants tant l'euphorie avait envahie l'histoire originelle qui, elle, était une réalité.
Emiade était complétement saoule, la bière ne lui réussissait pas. Brofín, fils de Drâgan, était émeché, plus habitué... Il se tenait assis à côté d'un Gnome qui, lui, sombra avant la fin. Et puis il y avait ces deux Humains. Aucun d'eux ne finiraient dans un état aussi pittoresque, leur état resterait sain, tenant compagnie à celle qui s'improvisait ménestrel.
Il y eut aussi, pour cliente, une drôle de dame qui refusa d'écouter l'histoire et partit se coucher, à l'étage.
Les choses débutèrent d'une rencontre hasardeuse à la forêt d'Elwynn, entre trois personnes, trois héros d'une race différente chacun : un Nain à la recherche de minerais, une surprenante Elfe à la peau sombre et une petite Humaine aux traits peu communs.
Les deux amies indiquèrent à l'étranger un endroit duquel il pourrait sans doute récupérer le fer qu'il cherchait. L'aventure avait commencée, les présentations aussi, se charriant chacun à leur tour sur la taille de l'autre. L'Humaine ne dépassait pas le Nain qui, lui, trouvait l'Elfe bien trop grande. Il la nomma amicalement « Grande perche », mais ce n'était pas sans la déranger... Celle-ci, refusant les faits, s'entoura d'une illusion mystérieuse grâce à laquelle elle se changea en Gnome.
Emiade et elle échangèrent un tas de légendes plus ou moins vraies quant aux barbes des Nains mais il en était une qui allait naître alors que Natalia, toujours rapetissée, s'approcha de Brofín pour en toucher la barbe. A sa grande surprise : elle n'était pas de pierre!
Par cet acte pourtant, la pluie se mit à tomber, comme si toucher la barbe d'un Nain appelait les cieux à pleurer autant de larmes qu'ils n'en pourraient jamais.
Alors ils se réfugièrent tous à l'abri d'une mine, non loin du lac.
Patientant que la pluie ne finisse par s'arrêter, ils battirent une ébauche d'histoire dans laquelle la mine s’effondrait devant eux, bloquant l'entrée et les empêchant de sortir. D'après l'histoire, ils devraient trouver une autre sortie pour, finalement, tomber sur un immense dragon à vaincre par un rusé subterfuge... Chacun apportait un ingrédient bien à lui, mêlant les contes de leurs peuples respectifs.
On vint finalement à parler de Natalia. Emiade et elle affirmaient qu'elle était sacrée, ce que le Nain prit d'abord pour une blague. C'était sans compter sur l'arbre qu'allait faire pousser l'Elfe, sous ses yeux ébahis.
C'était incroyable : l'Elfe n'avait fait que s'agenouiller, peut-être avait-elle marmonner quelque chose, mais un immense arbre se mit à pousser, à grimper au ciel... Bloquant l'entrée de la grotte et laissant les trois compagnons sans sortie.
Détendue, l'Oracle d'Elune prit les devant d'une expédition qui les mènerait au fond de la grotte. Celle-ci était pleine de Kobolds. Des mineurs hostiles, complétement illuminés par une histoire de bougie...
Plus loin, plus profondément, on trouvait un tas d'araignées, et un tas de cocons dans lesquels étaient enfermés un partie des Kobolds de la mine. Certains étaient vivants, la plupart étaient morts, séchés.
Enfin, après d’agressives altercations avec les survivants, Emiade et les autres tombèrent sur une énième araignée. Celle-ci était physiquement différente.
Dans le conte que racontera Natalia à la taverne de Comté-de-l'Or, elle s'appelait Mandibula, la reine des Araignées. Elle avait... 8 pattes, et 8 yeux. Elle était énorme, aussi grande qu'une Elfe, et très impressionnantes. En réalité elle était certes plus glauque encore que la grotte dans laquelle elle résidait, mais elle fut un ennemi bien moins résistant que raconté.
Près de son désormais cadavre, un coffre avait été trouvé. Il contenait un tas de provisions encore en état, sans doute celles des mineurs...
A trois, ils firent le tour de la mine, sans trouver d'autre sortie qu'un passage bouché par un éboulis. Il y avait bien ce puits, mais il était rempli d'eau, ce qui rendait impossible la descente vers un quelconque sous-sol où trouver le Dragon de l'histoire.
Il restait cet arbre. C'était déjà une belle petite aventure, du même grain que celles que vivent les enfants.
Cet arbre donc, Natalia le fit disparaitre, le priant de revenir à l'état de gland : ce qu'il fit. Le fils de Drâgan était surprit, mais ce n'était pas un rêve... Emiade lui expliqua qui était cette Elfe, l'Oracle.
La pluie avait cessée.
Finalement, il n'y avait pas eu de Dragon, ce que déplora le Nain avec amusement, loin de se douter que l'Humaine les guiderait au fin fond d'un bois plus sombre encore que la nuit qui tombait.
Là, elle amena ses amis par delà un sentier, jusqu'au dessus d'un rocher duquel on pouvait contempler la présence (néanmoins relative) d'un Dragon.
Elle venait souvent le voir, ici. Il ne bougeait pas.
Il gardait un portail. Il était une sorte de rêve, une illusion dont le propriétaire, le véritable Dragon, se trouvait dans le Rêve lui-même. Le Rêve Emeraude.
Natalia, Emiade et Brofín firent le tour, prenant soin de ne pas se montrer. Ils observèrent un moment le Dragon, immensément sublime, avant que l'Oracle ne repère un sorcier. En effet, un Satyre était en arrière. C'était lui qui guidait la colère du gardien, prisonnier de la volonté du maître...
Le Conte de Natalia ne fit pas état de la même chose. Les trois héros avaient creusé une sortie de leurs propres moyens, sortie qui débouchait sur une grande clairière assombrie par la nuit. Au milieu de cette clairière se tenait le Dragon, d'un vert tirant sur le bleu, un Dragon transparent, tel un fantôme. Derrière lui, on retrouvait le même tortionnaire, le sorcier démoniaque (alors nommé Profion) qui semblait contrôler le Dragon...
Dans le Conte, les trois héros se lançaient à l'attaque du Sorcier, bien que faiblement équipés et physiquement épuisés par la bataille contre Mandibula. Les choses s'arrêtaient là et la suite ne demandait qu'à être contée, elle faisait état de renforts qui viendraient à la rescousse du Dragon et des trois Héros.
Dans les faits, les trois héros se rapprochèrent du Sorcier pour mieux l'observer. Ils ne pouvaient rien faire en l'état actuel des choses et décidèrent de quérir l'aide d'autres personnes avec lesquelles mener une bataille pour voir mourir le sorcier.
C'est ainsi qu'ils se rendirent à l'auberge pour y faire halte autour d'une bière et d'un récit édulcoré de détails épiques qui, coïncidence ou non, attiraient un public plus ou moins intéressé (et sobre).
Le conte terminé, chacun fit ce qu'il avait à faire.
Natalia et Brofín passeraient la nuit à l'étage, Emiade et le Comte Valek, qui aiderait à défaire le sorcier Satyre, reviendraient ici demain.
L'appel avait été lancé, bien réel et très sérieux : il faudrait réunir les forces nécessaires pour libérer le Dragon des Rêves du joug du sorcier du Crépuscule.