Une étrange rumeur circulait dans Hurlevent ce matin. Un ivrogne noctambule et deux soldats de la garde royale prétendraient avoir vu un drake descendre du ciel au-dessus de la Cathédrale pour se poser derrière. Des ombres en seraient descendues pour apporter un corps inerte à l’infirmerie.
Ils vinrent lui annoncer à son magasin : « Votre sœur est tombée. » Deux prêtres de l’Église de la Lumière se tenaient dans l’encadrement de la porte, droits et solennels, redoutant la réaction de l’elfe. Ils eurent à peine le temps de finir leur phrase qu'elle bondissait dehors, filant comme un éclair à la cathédrale. Autour du lit, il y a avait du monde : Dame Hazel, qui semblait un peu fébrile ; sœur Shaina Fuller qui observait attentivement toute la scène ; sœur Laurena un peu en retrait ; et même l'archevêque Benedictus qui avait posé sa main droite sur le front de sa disciple favorite. Tous semblaient inquiets et graves.
Çà s'était passé au Bois de la Pénombre. Emiade y était allée pour s'informer de l'état du moral des habitants de la région, chevauchant tranquillement, bavardant avec les habitants qu’elle croisait, souriante et bienveillante. Elle était comme une tâche de blanche lumière dans l’ombre de la forêt. Elle avait à l'esprit cette histoire de chevalier de la mort qui semblait préoccuper beaucoup les gens du coin ces derniers temps, mais il courrait tellement de rumeurs dans cette sombre région que la prêtresse ne lui accordait pas plus d'importance que cela. Pourtant, il faisait un froid anormal et son habit de prêtresse n’était pas vraiment efficace contre des températures aussi basses – d’ailleurs, contre d’autres choses non plus, comme nous le verrons plus loin. Elle questionna des veilleurs de Sombrecomté, dont leur chef, Althea Bouclenoire, qui ne lui apprirent rien de plus que ce que tout le monde savait déjà.
Elle n’était pas seule à Sompbrecomté. Elle y retrouva Dame Hazel, Le sieur Valek Berille et Méon Silarce, l’ingénieur du Roi. Tous se mirent à la recherche d’une explication à ce froid mystérieux que les gens de Sombrecomté attribuaient au sinistre chevalier de la mort sin’doreï qui hantait la région, une elfe noire et froide.
Le cimetière était tout à fait lugubre, comme à son habitude et la Tremblotte toujours aussi tremblant de frousse. Il fut d’ailleurs la première victime. Il tomba, face contre le sol, le dos entaillé par une estafilade bordée de glace. Emiade lui sauva la vie à l’aide de sa Lumière et prévint les frères du camp de soin de de Strangleronce de venir le chercher. Le groupe continua ses recherches, se demandant quelle pourrait être la meilleure chose à faire : Visiter les cryptes du Cimetière, approcher de la masure lugubre, ou encore retourner à Sombrecomté pour y interroger le worgen qui y était retenu prisonnier.
Ils se décidèrent pour la masure quand un rire les arrêta. Des bruits inquiétants les faisaient tourner en rond, mais rien n’était visible. N’y tenant plus, Emiade cria : « montre-toi enfin, que veux-tu ? » Une voix répondit : « je me montrerai si vous promettez de ne rien tenter de stupide contre moi » Il n’y eu pas vraiment de réponse, mais elle se montra tout de même.
Syrielle. C’était-elle. Mais qu’était-elle devenue ? Tout le monde s’interrogeait sur ce qu’il voyait, tentait d’en savoir plus, voulais se rassurer en évoquant le passé... Mais pour Emiade, tout cela ne rimait à rien. La seule question qui avait une importance à ces yeux était de savoir ce que cette non-morte voulait. Le mot "Fléau" résonnait bizarrement dans la bouche de Syrielle, elle qui l’avait combattu par le passé, elle était maintenant l’un des leur et semblait projeter de s’installer dans la région. Puis tout s’embrouilla. La prêtresse cherchait un moyen de dialoguer avec le monstre, sans doute pour la convaincre mais la réponse fut un trou noir dans lequel elle sombra pour ne pas en revenir.
Lethaliw se mordait les lèvres. Elle n’avait plus de larmes depuis longtemps mais, en elle, son cœur se tordait de douleur au point que pour soulager sa fureur, elle s’enfuit en courant, allant jusqu’à la forêt pour s’en prendre à quelques loups qui eurent la malchance de la croiser à ce moment-là. Une fois de nouveau en possession de ses moyens, elle retourna au chevet de sa demi-sœur qui semblait dormir paisiblement sur son lit.
« Elle ne mourra pas. Mais son réveille est incertains et le mal est grand. Les puissances de l’Ombre sont à l’œuvre. Même la magie de la Lumière n’y peut rien car tout dépend de sa détermination de continuer à vivre. C’est un combat qu’elle doit faire seule, un voyage entre la vie et la mort, entre la Lumière et l’Ombre. Si elle en ressort, elle sera plus forte, plus encore que la plupart d’entre nous. Si elle perd, nous la perdrons à jamais. Prions tous ensemble pour le salut de son âme et que la Lumière ne s’éteigne à jamais pour elle ! » Ainsi parlait l’archevêque Benedictus qui, pour la première fois depuis des années perdit le sourire et semblait soucieux.